Aller chercher le pain

Hier on a demandé à Danis, grande première, d’aller chercher le pain,

Cent mètres aller, cent mètres retour, pas grand chose, c’est juste traverser une rue,

Mais on voyait qu’il prenait ça à cœur, il était concentré c’est certain,

Alors bien sûr on s’en doute, on le voit, mais de notre point de vue,

Cela reste quelque chose d’anodin. Pourtant si on se rappelle bien,

Quand on était gamin aussi on a connu ce genre d’émotions,

J’ai le souvenir par exemple d’une ou deux de ce style de situations,

Où je sentais bien que l’adulte en face de moi ne saisissait que moyennement

L’enjeu qui était le mien, comme si on était de deux mondes différents…

Mais en grandissant, on évolue, on change, on perd notre esprit d’enfant.

Et pourtant, même pour nous, toute situation qui nous paraît importante est relative,

Phil Jackson, le coach des Bulls, disait qu’à un temps mort d’un match de sa franchise,

Alors que le score était serré, en finale de conférence, le stress à son paroxysme,

Il s’était retourné et avait vu sur le terrain, une mascotte déguisée en taureau,

Dansant avec des pompom girls bien roulées, observés par une foule de badauds

Assis dans les gradins, à boire du coca et manger de la nourriture style MacDo,

Et s’était dit qu’au final, lui et les joueurs faisaient aussi partie du folklore,

Qu’ils étaient un peu au cirque, et qu’ils n’étaient pas plus que des jongleurs.

Chacun regarde sa vie avec ses propres yeux, mais cela fait du bien quelques fois,

D’essayer d’adopter un autre regard, détaché et en prenant de la hauteur par rapport à soi,

Pour appréhender en pleine conscience les choses, les gens et les situations qui nous entourent.